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| Sujet: [Légende] Loshen Noire-Tignasse Mer 23 Mai - 14:13 | |
| Musique pour accompagner le texte HistoireNorn digne et sage, Löshen est un fier combattant, participant aux chasses nornes avec courage et vaillance, ses capacités physiques lui auront permis de remporter de nombreux trophées, qui décorent désormais les murs de son logis. Il a appris à se battre durant son enfance, entrainé au maniement des armes par son père, qui était un grand chasseur, retrouvé aux frontières de la mort à la suite d’une traque éprouvante. Il tenait dans sa main une lanière de peau qui avait sans aucun doute appartenu à la bête, qu’il avait réussi à prélever avant sa mort, emportant avec lui un message que son fils entreprit d’étudier. L’enfant norn décida dès lors de suivre les traces de son géniteur, traquant désormais la bête nuit et jour, mais ses recherches l’avaient emporté dans des contrées lointaines et aux climats diverses. Son corps s’était endurci au fil des jours, modelant ses muscles et son visage, faisant de lui un bel homme près à défendre son clan.
Son périple à l’étranger lui avait également permis d’apprendre à préparer des mets locaux, enrichissant sa connaissance des aliments et de leurs bienfaits, mais son plus grand désir était de pouvoir goûter au sang de la bête qui avait laissé son père agonisant et meurtri, attendant de débuter son voyage vers les esprits de ses ancêtres. Il avait prononcé comme dernier soupir deux simples mots, qui résonnaient encore dans la tête du guerrier, frappant aux murs de son esprit avec hargne : « Je te pardonne ». Löshen avait beau y repenser chaque nuit, revoyant les lèvres de son père s’articuler pour former encore et encore les sempiternelles syllabes, le jeune homme ne trouverait pas le repos avant d’avoir fait couler le sang de cet assassin bestial, dont il gardait le scalp attaché autour de son cou, afin de ne pas oublier sa « mission ». Son clan le soutenait, et ses muscles n’étaient pas sa seule force, car les arts de la guerre lui avaient été appris dès lors par son précepteur, Armarok, surnommé le « Rhum tactique » -sans doute à cause de ses tendances poussées à aller visiter toutes les tavernes de la région. Sa maîtrise du champ de bataille lui avait permis à de nombreuses reprises de retourner à son avantage de rudes batailles, dont il célébrait la victoire souvent en compagnie de ses compagnons d’armes. Mais même si la gente féminine avait beau le regarder avec passion, ses yeux n’étaient tournés que vers son environnement naturel : Les Cimefroides étaient son véritable foyer, ses nombreux pics et vallées lui apportaient tout le bon air et l’espace dont il avait besoin pour traquer et chasser sans relâche. Cependant, de temps en temps, lors de ses détours dans les villages de son peuple passés à vendre les peaux qu’il avait dépecées dans le but de remplir le fond troué de sa bourse de cuir, il s’attardait dans les tavernes pour boire l’hydromel local et avoir quelques aventures sans lendemain avec de braves hommes, lesquels le remerciaient souvent de leur avoir apporté un peu de chaleur dans ce climat glacial.
Löshen ne manquait bien évidemment pas des quelques défauts propres à sa race, sa grande fierté lui interdisait souvent de laisser quelconque individu participer à sa chasse, ce qui lui avait maintes fois apporté problèmes et douleurs, desquels il s’était toutefois toujours sorti avec ruse et astuce. Son adolescence difficile lui avait également causé des problèmes pour s’intégrer, le jeune homme préférait souvent plus le calme de la forêt au tumulte des grandes villes, et la nature l’apaisait plus que n’importe lequel de ses amants. Sa barbe et ses cheveux noirs ébène avaient été attachés de manière à ne pas le gêner lors de ses affrontements, mais son armure lourde lui assurait une protection suffisante pour combler ses problèmes de vision ainsi que de témérité. Au fond, le jeune norn ne recherchait que le bonheur, mais ses ténèbres revenaient sans cesse le hanter, jusqu’au jour ou… o-[ Chapitre Un : Profondeurs sylvestres ]-o« - Löshen, il est temps maintenant, tu dois te délivrer de ton fardeau avant qu’il ne te dévore de l’intérieur ! Lui avait conseillé Armarok lors de l’un de ses rares moments de lucidité. - Je ne le sais que trop bien, mon ami, mais je ne peux me résoudre à laisser l’assassinat de mon père impuni, je dois trouver cette bête, quel que soit le prix à payer ! » Répondit l’orphelin en tenant fermement dans sa main le scalp attaché autour de son cou.
Et il se dirigea comme à son habitude vers la forêt de conifères, oubliant ses fantômes pour se concentrer sur le souffle glacé mordant sa nuque et le soleil couchant l’abandonnerait bientôt pour laisser place à la pleine lune, qui éclaire la nuit de ses reflets argentés. Au pied d’un sapin, le chasseur rechercha le lieu où la mousse serait la plus fraiche et humide, afin de pouvoir se situer dans les profondeurs sylvestres et optimiser sa traque vengeresse. Mais comme à son habitude, les traces de la bête ne lui apparaissaient pas, si bien que Löshen revit encore et encore les derniers mots de son père, s’abandonnant à sa tristesse qui laisserait bientôt place à un tout autre sentiment, la colère. Le norn avait beau avoir appris tous les rudiments de la chasse, passé une dizaine d’années reclus au fond des bois à traquer une bête, le norn était incapable de retrouver la chose qui lui avait volé son avenir !
Désespéré, Löshen retourna à son logement de fortune -lequel avait été construit parmi les arbres pour le rapprocher de son objectif, et il but jusqu’à ne plus pouvoir penser. Dans son état d’ivresse, le norn sorti de sa cabane, ignorant toutes les règles de sécurité, et vacilla tant bien que mal entre les sapins et les feuillus, jusqu’au moment où il trébucha sur un rocher, et s’effondra de tout son long sur un tas de mouse auréolé de champignons divers. Une vision lui apparut donc, prenant la forme de son totem, et entre ses mâchoires un grondement grave et sage se fit entendre : « Qu’est-il advenu de toi, pauvre fou, comptes tu te laisser abuser longtemps par tes hantises ? Comptes-tu laisser longtemps la traque d’une pauvre bête ruiner ton avenir ? Réponds-moi, norn !
- Je ne peux laisser ce crime impuni, noble esprit, mon père doit être vengé, j’en ai fait le serment, et je n’aurais de cesse de traquer cette bête que lorsque je me serais recouvert de son sang ! Assura le jeune homme. - Tu ne comprendras donc jamais ! Hurla l’esprit canin. Tu ne verras jamais la bête que tu recherches de tes propres yeux, et tu ne pourras jamais te peindre de son sang ! - Expliques toi, esprit ! - Je ne peux te le dire, c’est quelque chose que toi seul doit comprendre, mais ne t’en fais pas, le moment approche où la vérité t’apparaîtra, et son tranchant te mutilera au plus profond de ton être… »
L’esprit disparu, laissant son corps flotter au vent, et se décomposer en ce qui se serait apparenté à une poussière blanchâtre. o-[ Chapitre Deux : La Traque ]-oLes rayons du soleil furent accompagnés du chant de milliers d’oiseaux, et la rosée du matin recouvra la flore environnante, pour se laisser réchauffer avant de rejoindre ses sœurs dans le ciel ou sous le sol, nourrissant de ses bienfaits la totalité des êtres qui peuplaient la Tyrie. Un brame de cerf réveilla Löshen, lequel avait un mal de crane terrible, se remémorant difficilement ses péripéties de la veille à cause de sa gueule de bois. Mais il réussit tout de même à se rappeler les conseils du Loup. Il retourna à son logis pour s’équiper et entamer ses tâches quotidiennes, de manière à pouvoir remplir un peu sa besace laquelle était presque vide suite à l’augmentation du prix du grain, sa chasse promettait d’être bonne, les conditions étaient idéales.
Il avançait face au vent pour ne pas laisser son odeur être portée à la faune locale, et décocha de multiples flèches, lesquelles faisaient très souvent mouche, et les corps de ses proies devaient être dépecées rapidement, avant que la vermine ne vienne lui voler son butin. Une fois une dizaine de peaux entassées dans son sac, le norn entreprit de faire un détour par Hoelbrak pour les troquer contre du pain et autres légumes. En effet le chasseur avait une furieuse envie de ragout, et il lui aurait été difficile d’en concocter un sans pain ni légume !
Arrivé dans la cité des Norns, Löshen se rendit à une échoppe de tanneurs, et vendit ses peaux à un bon prix, puis se dirigea vers les vendeurs de légumes, mais alors qu’il passait devant un chaman, il entendit un murmure : « Tu chasses la bête, petit ! Mais tu ne la trouveras qu'au pris d'un long et difficile voyage. » Lui conseilla le chaman avant de partir, comme si rien ne s'était passé. Hébété, le chasseur reprit tout de même son esprit avant de reprendre sa route vers les végétaux, tentant d’interpréter ce qu’il venait d’entendre, mais ces mots résonnaient dans ses pensées sans jamais trouver échos d’une quelconque compréhension. Une fois arrivé à l’échoppe, il échangea une vingtaine de pièces de cuivre contre du pain, du choux et trois navets, et quitta la ville, retourna entre les murs de son foyer, et cuisina. Son ragout avait un gout âpre, mais il se résigna cependant à l’ingérer, il lui faudrait des forces pour combattre dans la battue de demain, en effet les norns avaient été conviés à participer à la traque d’un minotaure qui avait déjà empalé plusieurs guerriers entre ses cornes acérées, et le peuple nordique devait mettre fin à cette menace s’ils voulaient pouvoir laisser leurs bambins errer librement dans les villages en soirée.
Equipé de son arc et d’un carquois remplit de flèches barbelées, Löshen se rendit donc à la traque, prêt à en découdre et à prouver encore une fois à ses compagnons d’armes que la forêt faisait partie intégrante de son être. Les traces laissées par le minotaure étaient lourdes et apparaissaient clairement à ceux qui savaient voir autre chose que les futs d’hydromel. La bête avait fait une victime la nuit passée, un jeune garçon du nom de Bornir avait disparu, des traces de luttes et de sabots avaient été découvertes à l’aube, parmi les pleurs et les cris de sa mère. Son père faisait bien entendu partie de la battue, mais le grand homme était plus à l’aise autour d’une table à jouer aux osselets qu’à l’intérieur des bois, dans lesquels il ne cessait de se trébucher et de marcher sur des indices précieux, camouflant à son grand regret les seuls indices pouvant le mener à son enfant. A mesure qu’ils avançaient entre les conifères, les empreintes se faisaient de moins en moins faciles à suivre, et elles finirent par emporter les traqueurs à un lac, avant de disparaître à son extrémité.
Les chasseurs désespérés fouillèrent les bois à la recherche d’autres indices, mais n’en trouvèrent aucun, ils demandèrent conseil à Löshen, qui avait plusieurs fois parcourut cette portion de la forêt, mais l’orphelin ne découvrit pas grand-chose, avant de se figer sur place, comme si tout son corps ne répondait désormais plus à sa seule volonté. Il avait décidé de ne pas avancer davantage, mais il s’effondra, l’esprit envahi par de multiples souvenirs qui ne lui paraissaient pas être les siens… o-[ Chapitre Trois : Souvenirs refoulés ]-oSa vision se troublait, et il n’était désormais plus capable de voir les couleurs, sa vision avait baissé mais ses autres sens étaient en alerte, il était désormais capable d’entendre le vol des oiseaux, les rongeurs qui brisaient les noix sous leurs dents pointues, et même les fouisseurs remuant sous le sol. Mais son ouïe n’était pas la seule à s’être développée, son odorat lui permettait désormais de repérer à plusieurs kilomètres l’odeur de multiples choses, le monde se dévoilait sous un nouveau jour, mais le spectacle laissait déjà place à la douleur. Ses os craquaient et se disloquaient, sa peau remuait comme si elle était animée par une volonté propre, et sa pilosité se développait à une vitesse prodigieuse, tandis que son crane s’écrasait, s’allongeait. Un cri lui échappa, empli de détresse et de souffrance, mais personne ne lui répondait, et sa voix se mua bientôt en un long hurlement qui semblait provenir d’un loup, car c’est ce qu’il était devenu. Son corps avait changé pour recouvrir l’aspect d’un canidé, et ses sens s’étaient également transformé en conséquence. Mais ses pensées étaient encore obscures, et une voix menaçante tambourinait à travers les méandres de son esprit, lui ordonnant de chasser, de se repaître de sang. Il obéit alors, la voix se faisant de plus en plus menaçante. A mesure de son avancée, il se rendit compte qu’il se situait au moment où la bête avait fait ses premières victimes parmi les bovins des élevages, le scalp confié par son père datait d’ailleurs de ce moment-là.
A mesure de son avancée, il se rapprochait de Hoelbrak, et arriva bientôt à un parc de bétail, qu’il contourna sans mal, creusant un trou sous les barrières pour entrer, la voix lui obligeant à agir selon sa volonté, car un refus de son hôte était directement compensé par une pression insoutenable contre son esprit. Löshen n’était plus qu’un point au service de cet être spirituel. Il arriva face à un veau, qu’il égorgea sans mal, le malheureux s’étant aventuré un peu trop loin du reste du groupe. Il emmena son butin dans la forêt avant de se repaître de son sang, et continua sa chasse ensuite, le sang animal ne lui suffisant pas, il lui fallait goûter à autre chose, quelque chose de plus massif et vigoureux. Il lui fallait un vrai défi.
Il fila alors entre les arbres et fit de nombreuses victimes, les souvenirs du loup semblaient s’étaler sur plusieurs semaines, et chaque jour il faisait une nouvelle victime, des fois même plusieurs. Mais un jour, il fut repéré par un groupe de tanneurs qui passaient dans le coin pour gagner leur vie. Et une battue fut bientôt organisée pour le traquer. Et ce n’est qu’en voyant son défunt père parmi les chasseurs qu’il comprit : Les paroles de l’esprit lui paraissaient désormais claires comme l’eau s’écoulant de la montagne. La bête dont il portait le scalp n’était nul autre que lui-même, et il ne tarda pas à se voir écorcher, mutiler, et déchiqueter la peau de l’homme qui lui avait donné la vie...
« NON ! ». Löshen se réveilla en sursaut dans son logement de fortune, désormais conscient et entier. Ses souvenirs avaient été effacés, comme un profond traumatisme, le chaman l’avait prévenu, l’esprit du Loup également, simplement il n’avait pas été assez sage pour entendre raison... Le meurtrier de son père n’était nul autre que lui-même.
Saisissant un coutelas, il voulut se punir pour venger son père, se recouvrir du sang de la bête, quitte à y passer, mais un souffle glacial pénétra dans sa chambre, accompagné de poussière argentée, et l’esprit du Loup se manifesta devant lui
« - Ne fais pas ça, souhaites tu laisser toutes les actions de ton père inachevées, ne souhaites-tu pas exhausser les dernières volontés de ton aïeul ? Lui demanda l’esprit. - Vous ne comprenez pas ! Je suis le meurtrier ! J’ai passé 15 ans de ma vie à poursuivre une chimère !!! » Vociféra le norn.
C’est alors que les derniers mots de son père résonnèrent dans son esprit, ils n’avaient jamais paru aussi limpides, aussi censés, désormais il comprenait : Son père l’avait reconnu, et l’avait néanmoins pardonné. Ses fantômes étaient partis désormais, laissant place à une plaie déchirant son être, mais il devrait continuer à vivre ainsi, pour honorer sa lignée et son clan, il devait s’entrainer, non plus pour venger son père, mais pour protéger les êtres qui lui étaient chers.
L’esprit le bénit alors, le délivrant de la voix qui l’avait forcé à accomplir l’impensable, et lui assura que lorsqu’il serait prêt, le jeune homme saurait comment contrôler son côté animal… La Grande Traque allait commencer, l’homme qui pouvait désormais affronter la vie entière allait pouvoir faire ses preuves… |
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