Il faisait nuit noire, le froid semblait avoir engourdit la forêt. Cela faisait maintenant plus d'un an qu'Ysvar et Ysmir vagabondaient de village en village, de vallée en vallée à la recherche de gibier. Ils offraient parfois leurs services à un chef de guerre en échange d'armes, de fournitures et surtout d'hydromel. Plus d'un an depuis l'incendie de la ferme familiale qui avait eu raison de leurs parents et aussi en partie de leur raison.

Comme à chaque fois les deux norns s'étaient endormis ivres morts, étendus dans leur abri de fortune en peaux de bêtes. Plus d'un an déjà et leur vie n'avait toujours pas plus de sens qu'au lendemain du brasier qui leur avait volé leur existence. Chasses, batailles et rixes d'ivrogne voilà à quoi se résumait leur vie. Une vie honorable pour un norn me direz-vous... Peut-être mais une vie sans but, même pas la gloire, ces deux là n'étaient pas plus que des vagabonds, des mercenaires. Même les esprits de la nature n'avaient pour eux plus de sens, ils semblaient les avoir oubliés.

Il faisait nuit, pas un souffle, pas un bruit excepté les ronflements de deux animaux, deux norns las et épuisés. La forêt hibernait mais pourtant, dans l'obscurité, un oeil aguerri aurait put discerner les ombres. Les yeux d'Ysvar eux étaient clos et même si Svanir lui même s'était tenu au dessus de lui à ce moment, la brute n'aurait probablement pas émergé de ses rêves bercés par la bière et l'hydromel. C'est un autre sens qui sauva la vie du norn ce jour là...

L'odeur ! Une odeur infâme de sang et de putréfaction, l'odeur de la mort ! Celle-ci réveilla Ysvar en sursaut, cette odeur il là connaissait, c'était celle des traîtres, les suppôts du dragon des glaces, les Fils de Svanir ! Se levant d'un bond il empoigna son marteau de guerre et flanqua un violent coup de pied dans les côtes de son frère, l'insouciant Ysmir.
- Réveille toi abruti !
- Hein ? Quoi ? Qu'est ce que tu m'veux vieil ours ?
- Les chiens de Svanir ! ils sont là, je les ai sentis !
- Ma parole tu délire ! Va falloir te calmer sur la bibine toi...
- Putain tu va la fermer ! Prends tes armes on a pas...

Ysvar fût coupé par le son d'un cor de guerre, l'attaque était lancée. Combien étaient-ils ? Sûrement des maraudeurs, une dizaine ? une vingtaine ? La réflexion fût de courte durée. Une lourde hache déchira le cuir de la tente et un colosse aux yeux sans vie se dressa devant les deux norn. La hache se leva de nouveau, prête à s'abattre sur Ysmir qui roula sur lui même et l'évita de justesse. Ysvar ne laissa pas à l'assaillant le temps d'extirper sa hache du sol dans laquelle sa force surhumaine l'avait enfoncée et fit s'écraser son marteau sur le crâne nu du colosse qui explosa dans une gerbe de sang et de cervelle.

Ysmir se releva rapidement, il n'était pas aussi imposant que son frère mais compensait cela par une agilité et une dextérité qui avaient surprises plus d'un adversaires. Il empoigna ses deux haches et sortit en trombe de la tente prêt à en découdre. "Attend !" cria Ysvar mais le jeune chien fou n'en faisait toujours qu'à sa tête et bien que personne ne puisse remettre en cause sa bravoure, le jeune Ysmir avait une manière si inconsciente de narguer la mort que son frère se demandait parfois si il tenait encore vraiment à la vie. Car si Ysmir avait toujours voulu prouver à tout le monde son courage, cette tendance à foncer droit sur la mort à chaque fois qu'elle se présentait n'était apparu que quelque mois après le décè de leur famille.

Les maraudeurs étaient une dizaine, ils avaient stratégiquement encerclé le repaire des deux norns ce qui surprit Ysvar, "pas si cons pour des cadavres" se dit-il. Ysmir lui, était déjà entrain de charger. D'un bond il décapita un norn qui le dépassait d'une tête (enfin au début) puis exécuta une roulade et se retrouvant aux pieds d'un second il l'éventra d'un mouvement circulaire des ses deux haches. Ysvar chargea à son tour, il avait observé trois archer dissimulés dans les buissons qui se préparait à lancer une salve qui aurait put s'avérer mortelles pour Ysmir qui n'avait même pas prit la peine d'enfiler sa cuirasse. D'un premier coup horizontale Ysvar balaya deux archers qui se retrouvèrent projeter à deux mètres, les os rompus. Le dernier tenta de prendre la fuite, Ysvar dégaina la masse qu'il portait la ceinture et l'envoya violemment dans le dos du fuyard lui brisant la colonne.

Ysmir dans sa charge effrénée s'était retrouvé encerclé par les quatre barbares restant, Ysvar chargea à travers les ronces pour rejoindre son frère. Ysmir tournoyait sur lui même afin de repousser ses assaillants faisant tomber les coups de hache telle une tempête de fer, l'un des coup entailla le visage du chef de la bande. Ysvar avait rejoint le combat est se trouvait aux prises avec deux être ignobles, à moitié décomposés qui tentaient de le blesser tant avec leurs armes qu'avec leur crocs, ces chiens ne semblaient ressentir ni peur ni douleur et continuaient à se battre même après que le marteau du norn leur ai broyé un membre. Ysmir trancha littéralement en deux le dernier fils de Svanir qui se tenait entre lui et le chef et chargea la bête colossale qui dirigeait l'attaque. Ysvar avait du mal à se défaire des deux morts vivants que leur état n'empêchait pas de se mouvoir avec une agilité surhumaine, de plus leurs mouvements désarticulés étaient déconcertant. Il parvint tout de même à en pulvériser un d'un adroit coup vertical mais aperçu alors son frère tenu par la gorge et soulevé à vingt centimètre du sol par un norn grand comme j'avais il n'en avait vu, le pauvre chien fou se débattait tant bien que mal tentant d'entailler le bras de son agresseur mais sans résultat. Ysvar poussa alors un terrible crie de rage qui fit même blêmir le mort vivant qui lui faisait face, il l'empoigna alors et le projeta avec une telle violence que le cadavre s'empala contre une branche. Ysvar chargea le colosse et le renversa d'un coup d'épaule, la violence des deux géants qui s'entrechoquait fit tremblait la foret. Les deux bêtes se battirent à coup de poing en roulant, aucun des deux ne parvenant à prendre l'avantage. Ysmir lui était étendu, l'air inerte contre un rocher.

Alors que le chef des maraudeurs avait réussi à se placer sur lui et lui assénait des coups répétés aux visages, Ysvar aperçu une pierre dont un côté était ébréché formant ainsi une pointe, il étira son bras et d'un coup sec enfonça le silex à la base du menton de son agresseur qui poussa un dernier crie étouffé par le sang qui venait de remplir sa gorge.

Ysvar se releva fébrilement, blessé et à moitié assommé, il crachait du sang et avait du mal à respirer. Il se traîna jusqu'à son frère qui ne respirait déjà plus. Il l'empoigna avec toute la force qui lui restait et hurla : "Réveille toi abruti ! Regarde on les a massacré bordel ! Réveille toi !". Mais Ysmir s'était étend, la poigne du fils de Svanir avait broyé sa trachée, le chien fou avait trouvé la paix.
Le crie qui fût alors poussé par Ysvar ne saurait être décrit avec des mots, sachez juste que certains disent que la forêt elle même s'en souvient encore.

Ysvar, enterra son frère sur les lieux même du carnage, sous le rocher sur lequel il s'était définitivement endormi, puis il entassa les corps des fils de Svanir à l'autre bout de la clairière et dressa un gigantesque bûché en l'honneur de son frère disparu. Ce jour là, Ysvar avait perdu le dernier membre de sa famille, il avait échoué, il n'avait pas su protéger son jeune frère, jamais il ne se le pardonnerai. Mais c'est aussi ce jour qu'Ysvar trouva le sens de sa vie, la Vengeance ! Jamais il ne trouverai le repos, jamais son sang n'arrêterai de bouillir tant qu'un seul des traîtres maudits ne fouleraient la terre de Tyrie.

L'ours vengeur partait en chasse...